Introduction
Il y a quelques semaine à peine, je me lançais dans une aventure de 200 km, organisée par les Randonneurs Autonomes Aquitains (RAA). Cette expérience, représentaient déjà un exploit personnel, alors l’idée de parcourir 100 km de plus semble presque insensée. Ce qui me rassure c’est que le dénivelé n’est pas plus important que sur les 200 km, et le profil est moins chaotique : les montées sont plus longues mais moins raides. Et l’attrait de l’inconnu et le désir de me surpasser l’emportent sur le reste. À noter que cette randonnée se distingue par la traversée de la Garonne en ferry, ajoutant une touche d’originalité à ce long périple.
Quelques jours avant le départ, la météo est encore incertaine, mais un vent favorable est annoncé, augurant de bonnes conditions pour cette longue journée de pédalage.
Pour cette aventure, je n’ai pas apporté de modifications à mon vélo. Avec son poids de 14,3 kg chargé, il reste mon fidèle compagnon de route. Toutefois, j’ai pris soin d’ajuster quelques détails en m’appuyant sur l’expérience de ma précédente randonnée. Une chambre à air supplémentaire a trouvé sa place dans mes sacoches, ainsi qu’un bidon plus petit et une sélection de nourriture salée : un cake au jambon et aux olives noires, et une fougasse aux tomates séchées, pour varier les plaisirs et assurer un apport énergétique constant.
Le vendredi soir, tout est prêt pour le départ prévu le lendemain à 6h00, où le chrono sera lancé.
Sur la route, une journée à vélo
Les 120 premiers kilomètres vers la Pointe de Grave
À 5h35 du matin, alors que l’aube n’a pas encore percé l’obscurité, je me trouve déjà sur le lieu de départ. L’excitation et une pointe d’appréhension me tiennent éveillé. Je valide mon inscription sur place car j’ai pris la décision de participer presque au dernier moment. L’organisation me remet un petit carnet jaune, destiné à être tamponné à chaque point de contrôle.
Près de 50 cyclistes se tiennent sur la ligne de départ. À 6h00 précises, nous nous élançons. Les premiers kilomètres se déroulent sans encombre sur une piste cyclable, le peloton avance à un rythme soutenu. Après 20 km, nous quittons la piste pour atteindre le premier point de contrôle. Après avoir tamponné nos petits carnets jaunes, nous reprenons la route, mais nous avons pris du retard et avons perdu de vue le peloton. Le soleil se lève lentement, réchauffant nos dos. Les routes sont désertes à cette heure matinale. Le terrain reste plat, nous progressons à bonne allure.
À 11h, après 120 km, nous atteignons le portique du ferry. L’embarcation part dans quelques minutes. En attendant sur le quai, de gros nuages noirs s’amoncellent et, juste avant l’embarquement, la pluie tombe à grosses gouttes.
La traversée de la Garonne en ferry
À bord du ferry, tandis que je scrute l’horizon. Là-bas, se dresse la silhouette majestueuse du phare de Cordouan, comme un gardien solitaire planté au milieu de l’eau, accessible uniquement par bateau.
Après cinq heures d’effort, cette pause forcée mais bienvenue est l’occasion de reprendre de l’énergie. Je sors quelques morceaux de fougasse de mon sac, accompagnés d’un peu de compote, de fruits secs et d’un jus d’orange acheté au comptoir.
Le trajet est bref, à peine le temps de savourer ces instants et de capturer quelques clichés que nous avons déjà parcouru les dix kilomètres qui nous séparent de la terre ferme.
Nous débarquons à Royan. La pluie a cessé, les nuages se sont dissipés, dévoilant un ciel clair.
Avec notre prochain objectif en tête, nous nous dirigeons vers le ravitaillement.
Le ravitaillement au kilomètre 160
Nous suivons le cours du fleuve, longeant les plages de la Gironde sur un peu plus de 30 kilomètres. La route nous offre des vues sur Talmont-sur-Gironde, un village pittoresque parmi les plus beaux de France, avec ses ruelles fleuries et ses maisons de pierre.
C’est ici que commencent les premières montées. Les dénivelés, même modestes, nous rappellent que le chemin ne sera pas toujours plat.
Sans encombre, nous atteignons le ravitaillement. Une courte pause pour manger, et nous voilà prêts à repartir. L’énergie retrouvée, nous continuons notre route, déterminés à poursuivre.
Kilomètre 200, Montendre, traversée d’une petite ville médiévale
Les kilomètres s’enchaînent et bientôt, le compteur dépasse la barre symbolique des 200 km. Nous arrivons à Montendre, un petit village médiéval protégé par son château fort.
L’énergie est toujours présente. Malgré la distance déjà parcourue, nous poursuivons notre chemin, animés par la curiosité et l’envie de découvrir ce que la route nous réserve encore.
Incident technique au kilomètre 230, encore 70 à tenir
Alors que nous progressons paisiblement à travers la campagne, des craquements alarmants résonnent soudainement du vélo de mon coéquipier, brisant net le calme de la route. Le câble du dérailleur vient de céder.
Sans câble de rechange à portée de main, nous sommes désormais dans une situation délicate. Cependant, grâce à quelques ajustements rapides, nous parvenons à bricoler une solution temporaire.
Le dérailleur est désormais verrouillé sur une seule position. Mon coéquipier ne pourra plus changer de vitesse pour le reste du trajet. Bien que cela soit inconfortable, c’est un compromis nécessaire pour nous permettre de continuer à avancer.
Libourne, les 40 derniers kilomètres et le début des montées et descentes dans la nuit
Enfin, nous voici à Libourne, la plus grande ville avant Bordeaux, marquant ainsi le début de la dernière étape avant l’arrivée. Nous savons que quelques petites bosses et dénivelés nous attendent encore. Mais avant de poursuivre notre route, nous faisons une halte dans une boulangerie encore ouverte pour prendre une collation.
Après cette courte pause, nous reprenons notre progression. Le soleil commence à décliner à l’horizon, peignant le ciel de teintes chatoyantes. La nuit finit par tomber, mais nous continuons d’avancer, nos lumières éclairant le chemin jusqu’à la ligne d’arrivée que nous franchissons à 23 heures, soit 17 heures après notre départ, totalisant ainsi 13 heures de pédalage sans interruption.
Malgré la fatigue et les défis surmontés, nous avons atteint l’arrivée dans le délai imparti, une victoire non seulement sur le parcours, mais aussi sur nous-mêmes.